Différentes dimension de l'adaptation

Différentes dimension de l'adaptation

Comment se préparer aux changements du climat ? Comment prendre en compte les impacts estimés du changement climatique pour adapter les stratégies de gestion et d'aménagement d’aujourd’hui ? Quels sont les apports de la recherche pour accompagner l’adaptation de l’agriculture, de la forêt, et de la gestion des milieux au changement climatique ? L’adaptation au changement climatique est un champ de recherche relativement jeune dont les concepts évoluent rapidement.

Le secteur agri-alimentaire et forestier doit donc à la fois s’adapter au changement climatique et contribuer à son atténuation (Debaeke et al., 2017).  L’intégration des démarches d’adaptation et d’atténuation est une priorité de l’objectif scientifique « Répondre aux enjeux environnementaux et gérer les risques associés » du document d’orientation de l’institut, INRAE2030. La prise en charge conjointe de ces deux objectifs est une demande forte des acteurs et porteurs d’enjeux.

L’adaptation, selon le résumé à l’intention des décideurs du rapport du GIEC 2014, est définie comme la « démarche d’ajustement au climat actuel ou attendu, ainsi qu’à ses conséquences. Dans les systèmes humains, il s’agit d’atténuer ou d’éviter les effets préjudiciables et d’exploiter les effets bénéfiques. Dans certains systèmes naturels, l’intervention humaine peut faciliter l’adaptation au climat attendu ainsi qu’à ses conséquences. » L’adaptation et les options d’adaptation peuvent prendre différentes formes et être anticipées de différentes façons, à différentes échelles temporelles et spatiales. Les différentes approches, centrées sur les écosystèmes ou centrées sur les groupes socio-économiques qui les gèrent, sont mises en œuvre pour leur complémentarité.

Approches basées sur les impacts du changement climatique

Les impacts des différentes options d’adaptation peuvent être testés par le biais de simulations.  Des stratégies d’adaptation peuvent alors être élaborées, dans une stratégie d’optimisation (minimiser les impacts négatifs et maximiser les impacts positifs) selon les objectifs fixés par chacun (meilleur rendement, viabilité de l’exploitation agricole ou de la filière, sécurité alimentaire…).

Approches basées sur les capacités des groupes socio-économiques

Identifier les leviers pour permettre l’adaptation implique de s’intéresser également aux caractéristiques des groupes socio-économiques concernés, notamment en ce qui concerne leurs capacités à faire face aux changements.

Cette approche, portée par les chercheurs des sciences humaines et sociales, étudie d’abord les caractéristiques des groupes socio-économiques et leur capacité à faire face aux changements, dont le changement climatique.

Elle s’appuie sur l’identification des solutions envisageables par les sociétés, d’un point de vue social, économique, politique, institutionnel, … Elle implique de travailler en mode participatif avec les porteurs d’enjeux.

Vulnérabilité des socio-écosystèmes au CC et risques associés

L'interaction des sociétés humaines avec la nature relève d'une dynamique complexe où la compréhension des processus naturels et sociaux ne peut se faire qu'en prenant une vision large et multi-échelle de cette interaction.

Ce type de système complexe est dénommé socio-écosystèmes (SES) par les écologues ou encore système socio-technique (SST) par les sciences humaines et sociales (figure ci-dessous).

 

Socio écosysteme

Représentation schématique d’un socio-écosystème comme produit de l’interaction entre sociétés humaines et écosystèmes

Pour définir et choisir les scénarios et options d’adaptation d’un socio-écosystème, ces deux approches se recoupent. La figure ci-après, tirée du 5ème rapport du GIEC illustre les interactions entre le système climatique et les processus socio-économiques.

Le risque climatique pour un socio-écosystème découle des interactions entre l’aléa climatique, son exposition et sa vulnérabilité. Il résulte de l’intégration des caractéristiques du système climatique et les processus socio-économiques.

L’aléa climatique est l'évènement climatique susceptible de se produire et pouvant entraîner des dommages. Sa nature, sa force et la probabilité qu’il survienne sont estimés à partir des informations disponibles sur le système climatique – par exemple la fréquence et l’intensité des vagues de chaleur. L’exposition correspond à la nature de la population ou de l’écosystème pouvant être exposé à un stress et au degré du stress qu’il peut subir. La vulnérabilité prend en compte la sensibilité ou fragilité du socio-écosystème et sa capacité d’adaptation. Elle correspond à la prédisposition d’un socio-écosystème à subir des dommages.

Les 2 approches de l’adaptation décrites précédemment amènent à envisager différents types d’adaptation en fonction :

  • de l’échelle temporelle des formes d’adaptation,
  • de l’importance des expériences précédentes,
  • de l’importance du changement climatique.

 

Adaptation incrémentale systémique transformative

Adaptation incrémentale, systémique, transformative. De l'adaptation basée sur les capacités à l'adaptation basée sur les impacts : rôle de l'intégration.

L’incertitude est traitée différemment selon les approches. L’approche par les impacts développée précédemment accumule les incertitudes (cf. cascade d’incertitudes). S’il est important pour les scientifiques de les quantifier, par exemple par les méthodes ensemblistes, elles rendent plus difficile la prise de décision politique et la mise en œuvre du changement (Vermeulen et al., 2013). L’approche par les capacités accorde moins d’importance à l’incertitude, mais plus au positionnement des acteurs.

 

Incertitudes et planification de l'adaptation

Incertitude et planification de l'adaptation. D'après Vermeulen et al. (2013).

Une façon de relier ces deux approches et de faciliter les discussions entre acteurs et scientifiques sans blocages liés aux incertitudes consiste à identifier les points de rupture éventuels, c’est à dire les moments où, tout en tenant compte de l’incertitude liée aux simulations, l’adaptation s’avère indispensable, pour ne pas rencontrer un point de rupture (Werners et al., 2015).